L’usure du couple : quand le lien s’effiloche sans bruit
- markowiaksabrina5
- 16 sept. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Par Sabrina Markowiak, psychopraticienne – psydijon-sabrina.com
Il n’y a pas de grand fracas. Pas de scène, pas de rupture tonitruante. Juste un silence. Une distance.Le couple, autrefois vivant, se met à ressembler à une maison trop rangée : rien ne dépasse, mais plus rien ne respire.
On se parle encore, bien sûr — mais sur le mode pratique :Tu passes chercher le pain ?, Tu penses à la lessive ?, Tu prends le petit demain ?Les mots circulent, mais le lien s’est ralenti, presque usé par la répétition.L’amour n’a pas disparu, il s’est simplement fatigué d’être tenu à bout de bras.
Quand le quotidien devient une mécanique
L’usure du couple ne naît pas d’un désamour brutal, mais d’un glissement.Une lente érosion sous le poids des habitudes, des enfants, du travail, des “à faire”.Le couple devient un rouage dans une organisation plus vaste : celle de la vie commune.
Au fil des années, chacun se spécialise dans son rôle :l’un anticipe, l’autre exécute ;l’un gère l’émotionnel, l’autre le matériel.Et petit à petit, le “nous” cède la place à deux “moi” fatigués qui cohabitent sans se regarder vraiment.
On ne s’aime pas moins. On s’aime autrement.Mais parfois, cet “autrement” finit par ressembler à un compromis épuisant.
L’intime, ce territoire qu’il faut entretenir
L’amour, contrairement à ce que l’on croit souvent, n’est pas un sentiment figé : c’est un mouvement.Et comme tout mouvement, il demande de l’entretien, de la curiosité, de la disponibilité.Or, le couple installé finit souvent par confondre stabilité et immobilité.
L’intime s’amenuise, faute de temps, de spontanéité ou simplement d’énergie.Le désir, lui, s’efface non par désintérêt mais par saturation du mental : trop de charge, trop de fatigue, trop de “il faut”.Et quand le désir s’éteint, c’est tout le système du couple qui se dérègle — car l’intime n’est pas qu’une question de corps, c’est un langage du lien.
La tentation du renoncement silencieux
Face à cette usure, certains se taisent.Ils s’adaptent, s’anesthésient un peu, confondant endurance et sagesse.Mais le non-dit ronge plus sûrement qu’un conflit.Il installe une forme de résignation douce, cette impression de “ce sera comme ça désormais”.
Ce renoncement est redoutable, car il se déguise en paix.On ne se dispute plus, on ne se blesse plus… mais on ne se rejoint plus non plus.Et c’est souvent à ce moment-là que le couple, croyant s’être apaisé, s’est simplement endormi.
Réapprendre à se choisir
L’usure du couple n’est pas une fatalité.Elle est souvent un signal — discret, mais essentiel — que le lien a besoin d’être revisité.Non pas détruit, mais réinventé.
Se retrouver, ce n’est pas forcément repartir de zéro.C’est parfois se redécouvrir autrement : parler à nouveau de soi, sans fonction, sans rôle.C’est prendre un temps hors de la logistique, hors des enfants, pour se demander :
Qui sommes-nous devenus ? Et avons-nous encore envie de marcher ensemble ?
La thérapie de couple, dans ce cadre, n’est pas un tribunal ni un dernier recours :c’est un espace de désembourbement.Un lieu où l’on réapprend à s’entendre, non pour avoir raison, mais pour se comprendre.
Et si l’amour, après tout, n’était pas un état, mais un art ?
Aimer, c’est entretenir la présence dans le temps.C’est accepter que le lien change, qu’il se patine, qu’il s’éprouve.C’est continuer à regarder l’autre, non pas comme celui qu’il fut, mais comme celui qu’il devient.
Il n’y a pas de recette pour durer, seulement cette attention à l’invisible :un mot, un geste, une main qui cherche encore.
Parce qu’au fond, l’usure du couple ne signe pas la fin de l’amour —elle nous rappelle simplement que l’amour, comme toute œuvre vivante, a besoin d’être retouché, un peu chaque jour.
Sabrina Markowiak Psychopraticienne à Pouilly-en-Auxois Accompagnement individuel et thérapie de couple📍 6 rue Lamartine – 21320 Pouilly-en-Auxois
📞 07 82 23 48 88 🌐 psydijon-sabrina.com
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