Dormir avec son enfant : un besoin, un lien, ou une habitude ?
- markowiaksabrina5
- 17 oct.
- 3 min de lecture
Par Sabrina Markowiak, psychopraticienne – psydijon-sabrina.com
Il y a des nuits où le berceau semble trop loin, le silence trop grand, et les bras du parent — la seule berceuse efficace.Alors, sans grande réflexion théorique, on fait ce que font des milliers de parents avant de philosopher : on laisse la place, on écarte la couette, et hop, l’enfant grimpe, s’installe, soupire, s’endort.Et la nuit, enfin, redevient calme.
Mais au matin, une petite question rôde dans la tête :
« Est-ce que je fais bien ? Et jusqu’à quand ? »
Le sommeil partagé : entre instinct et culpabilité
Dormir avec son enfant — ou co-dodo, comme on dit désormais — suscite des débats passionnés.Entre ceux qui y voient un signe d’attachement sécure et ceux qui brandissent le drapeau de l’autonomie menacée, le parent, lui, oscille entre tendresse et culpabilité.
Pourtant, avant d’être une affaire d’opinion, le co-dodo est avant tout une réalité relationnelle :il répond à un besoin.Celui de l’enfant, d’abord — sécurité, chaleur, régulation émotionnelle — mais aussi celui du parent, souvent épuisé, qui cherche simplement à apaiser la nuit et à préserver un peu de sommeil.
Dans bien des cultures, dormir ensemble n’a rien d’exceptionnel.Ce n’est pas une régression, mais une manière d’être au monde.Ce sont nos sociétés occidentales, obsédées par l’indépendance précoce, qui ont transformé ce geste instinctif en sujet de controverse.
Les bénéfices du co-dodo (et ses limites)
Les premières années, le sommeil partagé peut favoriser le sentiment de sécurité, réguler la respiration, apaiser les réveils nocturnes, et renforcer le lien d’attachement.Mais il devient problématique lorsque le co-dodo ne sert plus la sérénité, mais entretient l’angoisse.
Quelques signes d’alerte :
Le parent ne dort plus ou dort mal.
L’enfant refuse catégoriquement son propre lit.
Le couple parental n’a plus d’espace à soi.
Dans ces cas, le co-dodo n’est plus un choix, mais un piège doux : celui d’un confort devenu contrainte.
Jusqu’à quel âge ?
Il n’existe pas d’âge “officiel” pour cesser le co-dodo.Tout dépend du ressenti des uns et des autres, du rythme de l’enfant, et de la dynamique familiale.Mais en général, entre 2 et 6 ans, l’enfant commence naturellement à investir son espace propre, à condition qu’il y soit invité avec douceur, et non expulsé dans un lit “de grand” comme une sanction.
L’important n’est pas tant quand on le fait dormir seul, mais comment :si le passage se fait dans la sécurité, il devient une expérience de croissance ;s’il se fait dans la peur, il devient un abandon.
Le rôle du parent : être présence, pas fusion
Dormir ensemble n’est pas dangereux si le lien reste vivant et que la séparation, de jour comme de nuit, garde son sens.Le risque, c’est la confusion : quand le lit devient le lieu du lien exclusif, le seul espace où l’amour se manifeste.L’enfant n’a pas besoin de dormir avec son parent pour se sentir aimé — il a besoin de sentir que l’amour tient, même à distance.
Le parent, lui, n’a pas à se juger.Accepter que son enfant ait besoin de proximité n’empêche pas de poser des limites.La clé, c’est de s’écouter mutuellement : quand l’un n’en peut plus et que l’autre n’a plus peur, le moment est venu.
En somme...
Dormir avec son enfant n’est ni une faute ni une obligation.C’est une phase, parfois nécessaire, souvent transitoire, et toujours évolutive.Elle demande d’être vécue en conscience, sans culpabilité ni rigidité.
L’enfant finira toujours par dormir seul — le problème, c’est rarement lui.C’est plutôt le parent, touché par ce vide soudain dans le lit, qui devra, à son tour, apprendre à rêver autrement.
Sabrina Markowiak Psychopraticienne à Pouilly-en-Auxois et Dijon Accompagnement parental – Lien, attachement, autonomie📍 6 rue Lamartine – 21320 Pouilly-en-Auxois📞 07 82 23 48 88🌐 psydijon-sabrina.com


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